L’incident du Titan n’en finit plus de nous livrer plusieurs témoignages choquants concernant la sécurité à bord du submersible opéré par la compagnie américaine OceanGate. L’opération de sauvetage à laquelle avait participé plusieurs pays s’est terminée après la découverte de débris appartenant au sous-marin, mais également de restes humains.
L’accident a soulevé de nombreuses questions quant à ce genre d’expéditions extrêmes, ainsi que sur les différentes réglementations en vigueur qui ont permis une telle plongée. Le drame aura couté la vie aux cinq passagers qui se trouvaient à bord, et de nombreuses zones d’ombres subsistent concernant le mystère de son implosion.
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Un design original, mais peu fiable
Le Titan avait été conçu de manière peu orthodoxe, et très différente de ce que l’on peut observer habituellement sur ce genre de vaisseau. Contrairement à de nombreux submersibles, ce dernier avait été pensé de manière à pouvoir accommoder plusieurs passagers en même temps, d’où sa forme cylindrique et non sphérique. Une conception qui a pour particularité de ne pas répartir la pression de manière équitable sur l’ensemble du sous-marin, ce qui aurait pu porter atteinte à l’intégrité de la coque du Titan.
De plus, les matériaux utilisés, dont la fibre de carbone, un matériau couramment exploité dans les secteurs automobile et aéronautique, pourrait également avoir joué un rôle dans l’accident. L’océanaute français Paul-Henri Nargeolet, lui aussi membre de l’expédition, avait échangé avec un ami quelques jours avant son départ à propos de cette caractéristique novatrice, mais inquiétante.
Un employé d’OceanGate licencié pour ses propos
David Lochridge avait été employé par la compagnie OceanGate à partir de 2015 afin d’apporter son expertise concernant le Titan. Pilote de sous-marin expérimenté, il fut engagé en tant que chef des opérations chez la firme américaine, avant de lancer l’alerte sur les éventuels défauts du submersible, et ce, dès 2018. Il relève ainsi plusieurs incohérences et défauts dans la construction du sous-marin, et se montre préoccupé par l’utilisation de la fibre de carbone, matériau rarement testé dans des conditions de pression aussi intenses. Des problèmes de montage et de revêtement ont par ailleurs été pointés par ce dernier.
M. Lochridge envoie alors un e-mail au PDG d’Oceangate, Stockton Rush, pour lui faire part de son ressenti, et tente de le persuader d’effectuer plusieurs tests plus poussés afin de déterminer la robustesse réelle du sous-marin. Un mail qui sera reçu avec un déni extrême de la part de Mr Rush, et qui conduira au licenciement du pilote. Ce dernier attaquera la compagnie en justice, et l’affaire sera réglée à l’amiable entre les deux parties. Les déclarations de Lochridge ont, a posteriori, un caractère prémonitoire,
« Ce sous-marin est un accident qui attend de se produire. Jamais je ne serais payé pour conduire ce truc. », avait-il déclaré, avant de critiquer le PDG de l’entreprise pour ses positions. « J’ai vraiment peur qu’il finisse par se tuer et par en tuer d’autres dans sa quête pour booster son propre ego »
Les analyses des débris du sous-marin, qui pourraient aider à clarifier la situation, sont toujours en cours.