Mathieu Kassovitz : agressé sexuellement, il s’exprime

Dans une société où le silence a longtemps prévalu, lever le voile sur des vérités douloureuses devient un acte de courage remarquable. Le discours s’ouvre progressivement, y compris chez les hommes, stimulé par l’initiative #MeTooGarçons. À la suite d’Aurélien Wiik, pionnier de ce mouvement, Mathieu Kassovitz a livré des témoignages émouvants sur le plateau des Grandes Gueules de RMC, le lundi 4 mars.

Emblématique figure du cinéma français, Kassovitz a mis en lumière une expérience traumatisante, brisant ainsi un tabou pesant sur de nombreux hommes. Cette révélation s’inscrit dans le sillage du mouvement #MeToo, qui a encouragé la libération de la parole sur les violences sexuelles, sollicitant les hommes à partager leurs vécus.

Mathieu Kassovitz transforme ‘La Haine’ en hymne hip-hop scénique

Dans un élan d’audace, Kassovitz entreprend de transformer « La Haine », film culte de 1995, en comédie musicale. Sous le titre « La Haine, jusqu’ici rien n’a changé », cette version scénique illustre, de son point de vue, la persistance des tensions dans certains quartiers, malgré les années écoulées. La proposition de créer une comédie musicale lui a semblé pertinente. Pour le réalisateur, il est naturel que le film et sa déclinaison en comédie musicale soient ancrés dans la culture hip-hop, une expression dominante dans les cités à travers le rap et la musique. Le hip-hop, selon lui, ne se réduit pas à un accompagnement musical mais constitue l’âme de « La Haine » et de sa transposition sur scène, capturant l’énergie et les voix des cités.

Tandis que Kassovitz donne une nouvelle vie à « La Haine » par cette initiative innovante, mettant en avant les défis constants des quartiers difficiles via le prisme du hip-hop, son engagement dans une démarche plus intime révèle un changement de cap significatif. Sélectionnant soigneusement le moment et le lieu pour cette révélation, il partage sur un plateau télévisé les agressions sexuelles subies au début de sa carrière.

Moi, je me suis fait mettre des mains au c*l, j’ai mis des tartes dans la gu**le […] Les gens doivent faire ce que j’ai fait, ce que j’ai dit, quand j’ai dit ‘non’ à un agresseur qui n’a jamais recommencé. Il ne faut jamais baisser les yeux.

Loin d’être insignifiante, sa confession génère un élan de solidarité et de questionnements. Cette mise en lumière contraste avec des situations où d’autres figures, à l’instar de Thierry Samitier, se retrouvent accusées et doivent s’exprimer sur les allégations portées contre eux.

Son appel à l’action

Entre le courageux témoignage de Kassovitz et les défis qu’il lance face aux injustices, s’étend un pont de résilience et d’engagement. En effet, il ne se contente pas de narrer son histoire ; il aborde également la manière de réagir face à l’agression. Il affirme que la riposte doit être catégorique, quitte à affronter des représailles :

Si quelqu’un met une main au c*l, je leur dis de taper, elles se feront peut-être frapper ou taper en retour, mais on calculera après.

Il aspire à inculquer cette résilience à ses enfants et à toute personne susceptible de vivre des situations similaires. Son engagement social transparaît également dans ses choix personnels, comme sa décision concernant l’éducation de sa fille. C’est d’ailleurs un combat qui résonne avec d’autres révélations dans l’industrie, comme celle de Laurent Gamelon se confiant sur un geste déplacé de l’actrice Victoria Abril.

L’affaire Kassovitz n’est effectivement pas isolée. Elle fait partie d’une mouvance plus vaste de dénonciation des agressions sexuelles, tant dans le cinéma que dans d’autres domaines. Ces divulgations jouent un rôle primordial dans la rupture du silence, en exposant des comportements souvent minimisés ou ignorés. Bien que les obstacles jonchent le parcours vers la réparation et la justice, l’engagement de personnalités publiques telles que Kassovitz détermine de manière cruciale la sensibilisation et la mobilisation sur ces problématiques.