Résumé :
- La stretchflation consiste à augmenter le poids d’un produit tout en faisant flamber son prix au kilo
- La shrinkflation réduit la quantité d’un produit tout en maintenant ou augmentant son prix
- La cheapflation dégrade la qualité des ingrédients tout en augmentant le prix
- La greedflation désigne l’augmentation injustifiée des prix sous prétexte d’inflation
- Ces pratiques se multiplient en rayons et nécessitent une vigilance accrue des consommateurs
Dans un contexte économique tendu, faire ses courses devient un véritable parcours du combattant. Les consommateurs doivent désormais faire face à de nouvelles stratégies marketing destinées à masquer les hausses de prix. Stretchflation, shrinkflation, cheapflation et greedflation sont autant de termes qui désignent ces pratiques trompeuses utilisées par les industriels. Décryptage de ces techniques qui mettent à mal votre pouvoir d’achat et conseils pour les repérer.
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La stretchflation : le nouveau piège des industriels
La stretchflation est la dernière née des pratiques industrielles douteuses. Ce terme, issu de l’anglais « to stretch » (étirer), désigne une méthode qui consiste à augmenter le poids d’un produit tout en faisant flamber son prix au kilo ou au litre.
Pour illustrer cette pratique, prenons l’exemple des crackers Monaco à l’emmental de la marque Belin, relevé par le journaliste spécialisé en consommation Olivier Dauvers. Le format est passé de 100 à 110 grammes, soit une hausse de 10%. Mais attention, le prix, lui, a bondi de 1 euro à 1,29 euro, soit une augmentation de 29%. Résultat : le tarif au kilo est passé de 10 à 11,70 euros, une hausse de 17%.
Cette technique est particulièrement pernicieuse car elle joue sur la perception du consommateur. En voyant un format plus grand, on peut avoir l’impression de faire une bonne affaire. Pourtant, c’est tout le contraire qui se produit. Comme l’explique Olivier Dauvers : « En changeant la contenance des produits, on brouille les repères que peuvent avoir les consommateurs. Quand on brouille les repères volume ou les repères poids, on rend moins facile la comparaison avec ce que le produit était avant ».
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La shrinkflation : quand les produits rétrécissent
La shrinkflation, contraction de « to shrink » (rétrécir) et inflation, est une pratique désormais bien connue mais toujours d’actualité. Elle consiste à réduire la quantité d’un produit, qu’il soit alimentaire ou hygiénique, tout en maintenant, voire en augmentant son prix.
Cette stratégie a été largement épinglée par l’ONG Foodwatch, qui a relevé pas moins de 150 articles touchés par ce phénomène depuis 2022. Parmi les produits les plus concernés, on retrouve les céréales, les barres chocolatées, les produits d’hygiène et même certains fromages.
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités ont réagi. Depuis le 1er juillet 2023, les supermarchés de plus de 400m2 ont l’obligation d’afficher clairement les articles concernés par la shrinkflation, que ce soit à proximité ou directement sur l’emballage. Cependant, comme le souligne le magazine 60 millions de consommateurs, de « nombreux formats » permettent encore aux industriels de « modifier le poids de leur contenu à leur guise, sans tomber sous le coup de cette réglementation ».
La cheapflation : la qualité en baisse, les prix en hausse
La cheapflation, contraction de « cheap » (bon marché) et inflation, est une pratique tout aussi préjudiciable pour le consommateur. Elle consiste à augmenter le prix d’un produit tout en réduisant, voire en supprimant les ingrédients de qualité.
L’organisation Foodwatch a notamment pointé du doigt les marques Fleury Michon et Le Gaulois pour y avoir eu recours. Par exemple, Fleury Michon a réduit la quantité de chair à poisson dans ses bâtonnés tout en augmentant le prix de 40% entre 2021 et 2023. De son côté, Le Gaulois a diminué la quantité de viande de poulet et d’emmental dans son escalope cordon bleu, tout en augmentant la proportion de chapelure.
Cette pratique a un double impact négatif pour le consommateur : non seulement il paie plus cher, mais il obtient également un produit de moindre qualité nutritionnelle. La cheapflation affecte ainsi à la fois le portefeuille et la santé des consommateurs.
La greedflation : l’inflation comme prétexte
La greedflation, dont le nom vient du mot anglais « greed » (avidité), est peut-être la plus cynique de ces pratiques. Elle consiste pour les industriels à augmenter leurs prix sans justifier de véritables hausses de coût de production, en prétextant simplement l’inflation globale.
Cette pratique a été pointée du doigt par des institutions financières de premier plan. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a estimé que la hausse des profits des entreprises a été partiellement responsable de l’inflation en Europe en 2022. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé que les profits avaient « joué un grand rôle, contribuant à 45% de l’inflation » entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023.
La greedflation soulève des questions éthiques importantes sur la responsabilité des entreprises dans le contexte économique actuel. Elle met en lumière la tension entre la recherche de profit et la nécessité de maintenir des prix abordables pour les consommateurs.
Comment repérer et éviter ces pratiques en magasin
Face à ces différentes stratégies, le consommateur n’est pas totalement démuni. Voici quelques conseils pour déjouer ces pièges lors de vos courses :
- Soyez attentif aux prix au kilo ou au litre. C’est le meilleur moyen de comparer réellement les produits entre eux, quelle que soit leur taille.
- Méfiez-vous des changements de format. Un emballage plus grand ne signifie pas forcément une meilleure affaire.
- Lisez attentivement la liste des ingrédients. Une modification de la recette peut cacher une baisse de qualité.
- Comparez les produits entre eux et dans le temps. N’hésitez pas à noter les prix et les quantités pour suivre leur évolution.
- Soyez vigilant aux promotions. Elles peuvent parfois masquer une augmentation de prix ou une réduction de quantité.