Dans The White Lotus, rien n’est jamais laissé au hasard. Chaque décor, chaque symbole est porteur de sens, et parfois de poison. Dans la saison 3, qui vient de s’achever, une étrange plante, aussi magnifique que dangereuse, occupe une place centrale dans le dénouement de l’intrigue : l’arbre pong-pong. Surnommé « l’arbre du suicide », il devient un vecteur dramatique puissant, à la fois réaliste et symbolique.
Mais cet élément narratif n’est pas qu’une invention dramatique. L’arbre pong-pong, ou Cerbera odollam, existe bel et bien dans certaines régions du monde, et sa toxicité est redoutablement réelle. Derrière les apparences exotiques se cache un danger mortel, qui dépasse la fiction. Alors qu’on connaît la destination de la saison 4, qu’en est-il de ce fruit empoisonné qui a bouleversé le destin des Ratliff ?
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Le fruit de la discorde : un poison au cœur de l’intrigue
La scène finale de la saison 3, diffusée le 7 avril sur Max, marque un tournant tragique pour la famille Ratliff. Après une semaine chaotique dans un luxueux complexe hôtelier en Asie du Sud-Est, le retour à la maison est teinté d’un goût amer. Au sens propre comme au figuré. Lochlan, le plus jeune fils, est victime d’un empoisonnement. Et ce, après avoir bu un shaker protéiné contaminé par des résidus de graines d’un arbre pong-pong. Le fruit mortel, laissé dans un blender par son père, devait initialement servir à tuer le reste de la famille. Que Timothy souhaitait sacrifier à la suite de révélations accablantes sur sa fraude financière.
Ironie tragique : le seul enfant qu’il voulait épargner devient la victime involontaire d’un geste désespéré. Le showrunner Mike White, connu pour son art du détail et de l’allégorie, avait dès le premier épisode semé les indices. L’employée de l’hôtel, Pam, avertit les clients : « Nous avons beaucoup de fruits extraordinaires ici, mais je ne mangerais pas ça. C’est le fruit du puissant arbre pong-pong, et les graines de ce fruit sont toxiques. » Ce qui semblait être un simple avertissement folklorique se révèle être un présage funeste. L’usage de ce fruit n’est donc pas un artifice narratif tiré de l’imaginaire. Mais un emprunt à une réalité méconnue et redoutable.
Un fruit mortel, mais bien réel dans The White Lotus
Le pong-pong, ou Cerbera odollam, pousse naturellement en Asie du Sud-Est, sur certaines îles du Pacifique et même au nord de l’Australie. Utilisé dans certains pays comme arbre d’ornement, il cache derrière son allure décorative une toxicité extrême. Comme le rapporte National Geographic, ses graines renferment une puissante toxine appelée cerbérine. Également présente dans le muguet ou la digitale. De la taille d’un noyau de pêche, la graine contient suffisamment de poison pour perturber gravement le rythme cardiaque. Voire provoquer un arrêt cardiaque.
Le danger n’est pas théorique. Selon le Journal of Ethnopharmacology, environ 3 000 décès attribuables à l’arbre pong-pong ont été documentés au fil des siècles. L’arbre a même été surnommé « l’arbre du suicide » dans certaines régions de l’Inde. Où il aurait été utilisé pour des empoisonnements volontaires ou criminels. Pour le Dr Mary Wermuth, toxicologue citée par le New York Times, « une faible dose peut augmenter les contractions du cœur, mais une forte dose peut être fatale ». « Comme pour tout poison, cela dépend de l’âge, du sexe, de la taille et de la condition médicale du sujet », rappelle aussi Hilary Hamnett, experte en sciences médico-légales.